« Loin-Confins », Marie-Sabine Roger : Sommes-nous ce que les parents ont fait de nous ?

Le 12 octobre 2021

Suivant le travail de Marie-Sabine Roger de près, j’avais grande hâte de lire cet énième roman qui, je le sentais déjà, présageait un parfait moment de lecture. « Loin-Confins » a été publié par les Éditions du Rouergue dans la collection « La brune », une collection de romans francophones, ouverte aux tonalités littéraires les plus diverses.

Tanah, prise entre deux continents proches mais ne se ressemblant pas pour autant, l’un représente son père, l’autre n’est autre que sa mère. Comme si vous aviez, face à vous, les personnifications du rêve et de la réalité. Le Rêve fou et la dure Réalité dans le même appartement trop petit, trop sale et ce, dans la vie d’une petite fille de neuf ans ne demandant qu’à être comprise et acceptée. Pour lui, elle est la princesse du royaume bien caché qu’ils nomment ensemble Loin-Confins. Pour elle, seulement son septième et dernier enfant, cette unique fille de la fratrie avec qui elle n’a pourtant aucun point commun. Tanah y croyait. J’y croyais aussi, du plus fort que je pouvais. Mais il n’en était rien… Les gens ne sont pas seulement ce qu’ils laissent entrevoir. Surtout dans un livre. Face à ce choc, elle aurait pu se soumettre à la sentence, persuadée que « sa vie […] va se démanteler ».

« La vérité c’est ce que l’on croit ».

Or, elle choisira la résilience au visage de l’équilibre. Face à la force de ses émotions dormantes et brûlantes, de celles qui bousculent l’âme, elle fera le choix courageux d’être et de rester la digne héritière de Loin-Confins, pour l’amour de son père, pour ne pas flancher aussi, pour garder le contrôle de son identité surtout. Marie-Sabine Roger nous enferme, avec notre volonté, dans un univers langagier aux mille possibilités. Le champ des possibles devient vaste, à hauteur du monde, et alors elle nous prouve que nous sommes maîtres de notre perception de la vie, quoiqu’il puisse arriver. « La vérité c’est ce que l’on croit ».

De sa plume ironique, même un mensonge devient touchant de liberté. En soulevant, à l’aide de mots et d’images d’une justesse déconcertante, des vérités blessantes, coupantes mais nécessaires, elle nous soulève un peu plus vers là-haut, sur le chemin de l’Amour et de l’ouverture au monde.

Une lecture comme réflexion sur le lien parental inévitable.